Planter votre graine de moutarde

Le troisième dimanche apres la pentecôte

Le Vénérable Ralph Leavitt


Je vous parle au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Amen.

Tout d’abord, j’aimerais vous parler du défi que tout prédicateur doit affronter. Et c’est, bien sûr, l’Écriture sainte ! Chaque dimanche, nous avons trois lectures et un psaume et le prédicateur doit choisir son prêche. Parfois, lorsque je commence à regarder le choix des Écritures de la journée, je regarde l’Ancien Testament et je pense « oh, je ne peux pas prêcher là-dessus », ensuite vient l’Epître et, à nouveau, je pense « prêcher là-dessus est très difficile ». C’est alors que je me tourne vers la prière. « S’il te plaît, Seigneur, fais-moi aimer la lecture de l’Évangile pour que je puisse prêcher sur ce sujet ! » Parfois le Seigneur est bienveillant, d’autres fois non, mais je prêche quand même.

Eh bien, aujourd’hui, tout le contraire s’est produit ! J’ai lu que Dieu avait planté un arbre dans Ezekiel et j’ai pensé « c’est bien ». Ensuite, j’ai lu la lettre de Paul aux Corinthiens à propos de marcher dans la foi et j’ai pensé « c’est bien aussi ». Et, vous l’aurez déjà deviné, j’ai aussi aimé l’Évangile sur la graine de moutarde. Donc, une fois de plus, je dois me tourner vers la prière « Seigneur, quel est ton message pour ton peuple aujourd’hui ? » Eh bien, allons le découvrir.

Le thème récurrent est celui de la croissance, une croissance étonnante qui dépasse toute attente, et la pensée que nous ne pouvons pas nous fier aux apparences humaines, mais que nous devons être surpris par le plan de Dieu. Pour faire une petite digression, je voudrais vous rappeler comment le roi David a été choisi par Dieu pour devenir un leader en Israël. C’est un si bon exemple pour ne pas se fier aux apparences humaines. Nous lisons dans Samuel : Mais le Seigneur dit à Samuel : « Ne regarde pas son apparence ni la grandeur de sa stature, car je l’ai rejeté ; car le Seigneur ne voit pas comme les mortels ; ces derniers regardent l’apparence, mais le Seigneur regarde avec le cœur. » Ici, nous voyons Dieu en action alors qu’il choisit David pour être le leader de son peuple. En termes simples, Dieu ne voit pas les choses comme nous. Dieu agit par le cœur, par amour. Toujours.

Samuel demande à Jessé de lui présenter ses fils parmi lesquels Dieu a arrêté son choix. Jessé présente bien sûr son fils aîné en premier, car la coutume dicte que c’est le fils aîné qui hérite. Mais non, ce n’est pas lui que Dieu choisit. Jessé présente alors ses 6 autres fils par ordre décroissant et aucun d’entre eux n’est choisi. À ce moment-là, en désespoir de cause, Samuel pose une question importante, il demande: « Tous tes fils sont-ils ici ? » Et Jessé doit faire venir son plus jeune fils, David, qui est dans les champs en train de garder les moutons. Et Samuel entend de la part de Dieu : « Lève-toi et oins-le, car c’est lui l’élu. » David, l’élu, n’était pas le plus âgé, mais le plus jeune, pas le plus grand, mais le plus petit, pas le plus expérimenté, mais le moins expérimenté. Aux yeux de Jessé, il était le moins important et oublié dans le champ des moutons. Mais Dieu ne regarde pas les apparences, Dieu « regarde le cœur ». Par son choix de David, nous apprenons quelque chose sur la façon dont Dieu travaille.

Dans notre lecture de l’épître de 2 Corinthiens, nous apprenons quelque chose sur la manière dont le Christ agit. L’apôtre Paul nous dit qu’en tant que chrétiens, « nous marchons par la foi et non par la vue ». Paul fait référence à ce que nous avons entendu dans Samuel, à savoir qu’en Christ nous n’attachons pas d’importance aux apparences, mais agissons par notre cœur. Et il conclut : « Désormais, nous ne considérons personne d’un point de vue humain ; si nous avons connu le Christ d’un point de vue humain, nous ne le connaissons plus de cette manière. Ainsi, si quelqu’un est dans le Christ, il y a nouvelle création : tout ce qui est ancien a disparu ; voyez, tout est devenu nouveau ! » Wow ! Pour moi, cela nous informe d’abord comment le Christ fonctionne. Il est lui-même une nouvelle création. Son œuvre est la suivante : aimer Dieu et aimer le peuple de Dieu. Et son message est de se repentir, car le royaume de Dieu est proche. Tout comme Dieu a agi par son cœur, son Fils le fait aussi. Il agit dans l’amour.

Et deuxièmement, si c’est ainsi que le Christ agit, ne sommes-nous pas en tant que chrétiens, appelés à être comme lui ? Ce passage nous dit que nous ne devons pas réagir aux apparences dans la vie, mais agir, comme Jésus le ferait, avec notre cœur, dans l’amour. Comment pouvons-nous faire cela ?

Pensez à votre relation avec Jésus. Comment vous a-t-il touché la première fois par son cœur ? Comment a-t-il changé votre vie ? Ne vous a-t-il pas révélé une nouvelle façon de voir le monde et le peuple de Dieu qui l’habite ? Car, comme Paul a déjà dit, si quelqu’un est en Christ, il y a une nouvelle création : tout ce qui est ancien a disparu ; voyez, tout est devenu nouveau ! Il y a plusieurs années, Dieu m’a permis de comprendre ce qu’était réellement la miséricorde de Dieu. Je me suis rendu compte que la miséricorde de Dieu est infinie. Et grâce à cette expérience spirituelle, j’ai compris que je devais moi aussi agir avec miséricorde. Je devais cesser de me préoccuper de ce que le monde pensait de moi, c’est-à-dire de mon apparence, et commencer à agir avec miséricorde. C’était une nouvelle vision, et j’étais une nouvelle création. Nous le sommes tous en Christ.

Nous en arrivons enfin à notre leçon d’Évangile, la parabole de la graine de moutarde. Et comme toutes paraboles, celle-ci revêt plusieurs significations. Littéralement, nous entendons parler d’une des plus petites graines qui devient un arbre offrant un lieu de nidification et d’ombre aux oiseaux. En d’autres termes, ne vous laissez pas tromper par l’apparence d’une si petite graine, car le résultat est plus grand que vous ne l’avez jamais imaginé.

Nous pouvons alors voir la graine comme un symbole de notre foi. Aussi petite que soit notre foi, Dieu l’honorera et la fera grandir. Dans l’Évangile de Matthieu, nous lisons : « Si vous avez la foi de la taille d’une graine de moutarde, vous direz à cette montagne : ‟Déplace-toi d’ici à là”, et elle se déplacera ; et rien ne vous sera impossible ». Vous voyez, Dieu n’est pas là pour mesurer la quantité de foi que nous avons, mais pour accroître notre foi. Dans la parabole, Jésus demande : « A quoi pouvons-nous comparer le royaume de Dieu… ». Il veut que chacun sache combien le royaume de Dieu est vaste. Il mentionne la graine de moutarde et sa croissance exponentielle. Je mentionnerais ici la croissance du christianisme, la croissance du Royaume de Dieu. Jésus avait 12 disciples avec lui et aujourd’hui il y a 2,4 milliards de chrétiens dans le monde, soit 31% de la population mondiale. Dieu a fait grandir notre foi. Alors continuons à prier :
« que ton règne vienne, que ta volonté soit faite ».

Enfin, je crois que cette parabole est un appel à l’action pour nous. Comment allez-vous, avec une foi petite ou grande, faire grandir le royaume de Dieu dans le monde d’aujourd’hui ? Quelle graine allez-vous semer ? Quelle action vous convient le mieux ? Est-ce le culte qui vous donne la force de proclamer le message de Dieu ? Est-ce la parole sainte de Dieu qui vous inspire et que vous avez envie de partager ? Est-ce la prière qui vous permet de faire avancer le royaume de Dieu ? Est-ce la justice qui vous appelle à l’action ? Est-ce la compassion qui vous permettra d’aider les autres ? Comme les Écritures nous l’ont appris aujourd’hui, vous êtes une nouvelle création dans le Seigneur, vous avez la vision et l’amour de Dieu en vous. Allez-y !

Je termine par une prière de Saint Augustin d’Hippone. Prions.

Dieu, notre vraie vie, te connaître est la vie, te servir est la liberté, te louer est la joie et le bonheur de l’âme. Je te loue, je te bénis, je t’adore, je te remercie et je te glorifie. Je te prie de vivre avec moi, de régner en moi, de faire de mon cœur un temple saint, une habitation digne de ta divine majesté.

Amen.

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