Noel – 24 Decembre 2021
Esaie 9.1-6; Psaume 96; Tite 2.11-14; Luke 2.1-20
Le très révérend Bertrand Olivier, Doyen et Recteur
Enregistrement du service sur YouTube – l’homélie débute à 21:26
‘Le Peuple qui marche dans l’obscurité voit une grande lumière’.
Une étude faite à la cathédrale de Liverpool en Angleterre vient d’être publiée qui montre que participer à des services de Noël a un impact positif sur la santé et le bien être, que ce soit pour les personnes qui participent régulièrement à de tels services et qui se déclarent croyants, ou pour ceux qui ne vont qu’épisodiquement dans une église. Plus de 1000 personnes ont rempli un questionnaire avant et après deux services des temps de Noël à cette cathédrale. L’étude montre une différence marquante et un degré de joie et de positivité plus grand pour ceux qui y participaient, ainsi qu’une réduction ou même absence de sentiments d’angoisse ou de dépression.
J’espère qu’il en sera de même pour vous, et je pense que pour nous qui sommes rassemblés aujourd’hui pour cette célébration, ces résultats ne peuvent nous paraître qu’intuitivement évident.
Il est clair que, au moins pour nous qui sommes dans l’hémisphère nord, les célébrations de Noël qui prennent place autour du jour le plus court, quand l’obscurité peut être la plus oppressante, sont porteuses d’espoir et de nouveaux départs. Au minimum, la certitude que les jours commencent à rallonger, même si c’est à peine visible pour l’instant, nous réchauffe le cœur.
Il y a bien sur tout un ensemble de traditions qui sont aussi imbriquées dans cette soirée, ainsi que les expériences et les souvenirs que nous en avons, lorsque nous étions enfants, ou même parents.
Stupeur et l’émerveillement générées par ces histoires bibliques que nous réentendons ce soir, par ces récits de vies simples transformées, bouleversées par la naissance d’un bébé dans des conditions mystérieuses il y a plus de deux mille ans – avec bien sur les images retravaillées par chaque génération et culture de cette sainte famille entourée d’un âne et d’un bœuf.
Des images offrant à notre contemplation rusticité, simplicité et joie, au plus profond cœur de l’obscurité – l’obscurité du milieu de la nuit, mais aussi l’obscurité métaphorique des temps au milieu desquels la naissance de Jésus a pris place, et des temps dans lesquels nous nous trouvons aujourd’hui.
Cette sainte nuit est porteuse d’espoir et de promesse de paix, mais comme la plupart des grands événements de la vie de Jésus, de l’incarnation de Dieu, on sait qu’elle ne s’est pas passée dans la facilité que l’on peut imaginer en en voyant les représentations artistiques.
La Palestine était sous occupation – romaine à cette époque là – et toute la population était en transit afin de se faire recenser à des fins d’impôt. Pour Joseph et Marie, qui avaient déjà vécu une période très inconfortable après l’annonce que Marie était inexplicablement enceinte, un voyage de plusieurs jours à pied et dos d’âne était loin d’être recommandé.
Fatiguée et sans abris, les contractions commencent pour Marie qui donne naissance à ce bébé miraculeux dans un contexte on ne peut moins propice.
Et pourtant, les anges se réjouissent et annoncent cette nouvelle à qui veut l’entendre.
Et les bergers, qui veulent voir çà de leurs propres yeux, suivent les anges jusqu’au lieu de cette naissance – et sont les premiers à répandre la bonne nouvelle, eux dont la vie sur les collines de Palestine était rude.
Pour tous les protagonistes de cette histoire de la naissance du fils de Dieu qui parait invraisemblable, pas de pompe ni circonstances, pas d’édifices grandioses, pas de couverture médiatique soutenue.
Simplement une arrière-salle dans une auberge un peu triste, au milieu de deux animaux. L’espoir et l’amour de Dieu à été fait humain dans la plus grande simplicité de la vie.
Et cette naissance a immédiatement eu le pouvoir de transformer la vie de ceux qui en ont eu connaissance. Pas les riches et les puissants, à qui elle a inspiré de la crainte, mais à tous ceux qui essayaient de vivre leur vie le mieux possible dans des conditions difficiles. Ceux qui ne savaient pas forcément de quoi demain serait fait : d’où viendrait leur prochain repas, comment négocier leurs problèmes de santé, comment vivre avec leur deuil et leur désespoir après la perte d’un être cher, la fin d’une relation, la perte de l’emploi qui leur permettait de survivre, ou tout simplement leur manque de confiance en soi qui les retient comme un boulet.
Nous qui sommes ici aujourd’hui apportons les fardeaux qui nous ont accablés cette dernière année devant ce nouveau né, le Christ incarné. Pour un moment d’émerveillement et d’espoir, déposons ces fardeaux au pied du nouveau né et concentrons sur cette promesse du Dieu parmi nous, qui nous sourit et nous aime inconditionnellement, comme chaque nouveau-né instinctivement aime tous ceux qui l’approchent, ce nouveau-né totalement dépendant de nous tous qui l’entourons ce soir pour son bien être même dans les temps les plus difficiles.
Et c’est sûr que pour nous, les deux dernières années sont des années dont on se serait bien passées. La disruption de la pandémie dans nos vies de famille, de travail, toutes les habitudes que nous avions et que nous prenions pour acquises; la répercussion sur notre santé physique et mentales et notre bien être; et cette impossibilité pour nous de planifier ou prévoir les choses avec certitude, même ces fêtes de Noël que nous passerions probablement avec un cercle plus élargi de nos familles ou amis. Tout çà en plus des autres vicissitudes de nos vies nous donne peut être le sentiment que Dieu nous a abandonné, que nous sommes à la dérive, sans savoir pour combien de temps.
Mais le mystère de cette nuit de Noël nous rappelle que, pour un bon nombre d’année, ce sont des êtres humains qui, touchés par cette naissance divine, se sont assuré que Jésus allait pouvoir devenir ce qu’il était pour pouvoir se consacrer à sa destinée, sa tâche divine, avec l’effet que l’on connait et qui est ressenti encore deux mille ans après.
On dit qu’il faut un village pour élever un enfant : le dieu fait chair a lui aussi grandi dans une grande famille humaine, entouré d’être humains qui l’ont nourri et guidé – physiquement, intellectuellement, et spirituellement.
Ce soir donc, alors que nous contemplons cette crêche, alors que nous sommes une fois de plus émerveillés par ce grand mystère, souvenons-nous du rôle que nous même avons dans cette grande histoire de Dieu. Faisons de la place dans nos cœurs, dans nos vies, pour que cet enfant Christ, cette germe de Dieu, puisse croître pour nous et pour tous ceux qui nous entourent, qu’il puisse ainsi partager avec nous sa bonne nouvelle d’amour, d’espoir et de paix..
Chaque fois que j’ai le privilège de présider à une de nos célébrations ici à Christ Church, je suis interpelé par le nom du magasin qui se trouve immédiatement en face de la Cathédrale.
Emmanuel – Dieu parmi nouEmmanuel – Dieu parmi nous. Un symbole et un rappel que Dieu ne vit pas simplement entre les murs de nos édifices religieux, aussi beaux soient ils, mais au contraire que Dieu est présent et actif partout ou les êtres humains vivent, travaillent et même magasinent sur la rue Ste Catherine.
Ce soir, quand vous quitterez cette cathédrale pour retourner chez vous, emportez donc de cette nouvelle vie divine avec vous, et faites la grandir dans vos cœurs et dans vos vies.
Ainsi, les grandes prophéties d’antan auront la chance, une fois encore, d’être accomplies pour vous et pour tous ceux que vous aimez :
« Le peuple qui marche dans l’obscurité voit une grande lumière. Sur ceux qui vivent au pays des ténèbres, une lumière se met à resplendir. Seigneur, tu les multiplies, tu rends leur joie immense. Ils se réjouissent en ta présence comme on se réjouit à la moisson, comme on crie de joie en partageant le butin. »
Que cette lumière illumine vos obscurités et vous apporte la plénitude.
Je vous souhaite un très joyeux Noël.