Des veuves de foi

Nous entendons souvent parler de veuves dans la Bible.  Jésus s’en sert comme exemples dans ses paraboles.  En ces temps-là, la veuve et l’orphelin représentaient ce qu’il y avait de plus vulnérable dans la société.  La veuve, en particulier, était une personne marginale.  Elle avait déjà perdu son mari, donc elle était à risque.  Si, de plus, elle avait un fils et le perdait aussi, ça pouvait être la catastrophe pour elle.  Elle devait donc dépendre de la charité de sa parenté et de ses voisins, ce qui n’était pas du tout garanti.  Nous avons deux histoires de veuves à risque dans les lectures d’aujourd’hui.  Et dans les deux cas, Dieu vient à leur secours en leur redonnant leur fils.  Dieu s’occupe donc des personnes marginales.  Dieu ne laisse pas les plus vulnérables à leur sort.  Dieu guérit…afin de protéger.

Les deux veuves ont des réactions différentes face à leur sort.  Dans la lecture du Livre des rois, la première veuve—qui était déjà pauvre, mais qui avait quand même accueilli le prophète—se plaint du sort que Dieu lui réserve avec la mort de son fils.  Elle exige des explications à Dieu, et c’est facile de comprendre pourquoi.  Elle est maintenant plus vulnérable qu’avant.  Mais Dieu ne la laisse pas à son sort incertain.  Dieu lui redonne un fils vivant.  La veuve exige, et Dieu réagit d’une façon positive.  Dans la lecture de l’évangile, la veuve ne parle pas, mais son sort touche profondément le cœur de Jésus.  Jésus savait ce qui pouvait lui arriver maintenant qu’elle était toute seule au monde.  Sa vulnérabilité et sa fragilité le poussent à agir.  Encore une fois, Dieu tend l’oreille au cri des marginalisés.

J’aime beaucoup ces deux veuves parce qu’elles poussent Dieu à agir.  J’ai l’impression que c’étaient deux femmes qui ne se résignaient pas si facilement que ça au sort que leur société et leur culture leur imposaient.  C’étaient sans doute des femmes qui voulaient demeurer autonomes, et qui demandent, non, qui exigent, que Dieu leur rende des comptes.  Ce sont, selon moi, de beaux exemples d’une foi remplie de confiance et de certitude.  Dans nos vies, nous avons sans doute aussi déjà demandé des comptes à Dieu, mais le faisons-nous avec humilité et confiance, ou plutôt avec arrogance et impertinence?  Avons-nous l’ouverture d’esprit et la conviction d’une foi assez profonde qui puissent nous permettre de rappeler à Dieu la tendresse divine qui nous a été promise, et à laquelle nous avons droit?

Car notre Dieu est d’abord et avant tout un Dieu de tendresse.  C’est aussi un Dieu qui a élu domicile chez les laissés-pour-compte, chez ceux et celles pour qui notre société n’a plus de patience: comme ce fut le cas pour les veuves du temps de Jésus.  C’est là que notre Dieu habite: parmi les exilés, les exclus, les marginaux, les soi-disant ‘déchets’ de notre société.  En tant que chrétiennes et chrétiens, c’est aussi là que se trouve notre vrai foyer spirituel, en solidarité avec ceux et celles fragilisés par les valeurs individualistes de notre monde.  Nous devons donc nous demander: qu’aurions-nous fait en réponse à la grande précarité vécue par ces deux pauvres veuves?  Que faisons-nous pour les personnes dans une situation similaire ici?  Aurions-nous eu, avons-nous maintenant, la tendresse du regard de Jésus?

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