Le Christ-Roi
Jérémie 23, 1-6 – Psaume 46 – Colossiens 1, 11-20 – Luc 23, 33-43
Le très révérend Bertrand Olivier, Doyen et Recteur
Il est bon d’être ici ensemble aujourd’hui alors que nous célébrons la fête du Règne du Christ, le jour où nous célébrons spécialement notre cathédrale portant son nom.
Il est si bon de réunir nos congrégations anglophones et francophones pour la première fois depuis le début de la pandémie, comme nous avions commencé à le faire juste avant, en novembre 2019. Bon de pouvoir célébrer notre diversité et notre unité en Christ, et de poursuivre le travail pour une meilleure inclusion et un meilleur accueil de tous.
Nous sommes également ravis aujourd’hui d’accueillir Cécilia Rose qui est présentée au baptême par ses parents, Nathalie et Xander, et qui entame son chemin chrétien. Nous sommes heureux que le Père Yves-Eugéne, le grand-père de Cécilia, officiera au baptême.
Et aujourd’hui, nous sommes également heureux d’avoir parmi nous des membres de la famille de Dorothy Oidi, une membre de longue date et bien-aimée de notre communauté qui est décédée au début de la pandémie en 2020, après une longue maladie.
Bien qu’elle n’était pas très grande, elle a eu un grand impact sur cette communauté par sa présence continue et sereine et son engagement dévoué au sein de notre équipe des fleurs et de l’autel, et en particulier pour les magnifiques décorations qu’elle avait l’habitude de tresser avec des palmes pour le dimanche des Rameaux. Avant sa mort, elle avait demandé à son amie Alice que des linges d’autel soient fabriqués aux Philippines pour la cathédrale afin d’être utilisés lors de nos services, et ils nous ont été apportés pendant l’été. Nous les bénirons plus tard dans notre service aujourd’hui.
Aujourd’hui, alors que nous célébronsi, nous méditons sur le paradoxe de Jésus, qui est venu dans le monde, non pas dans pour être servi, mais au contraire pour servir. Ce paradoxe est illustré par de nombreuses images du Christ sur la croix, un monarque fier plutôt qu’un martyr.
Quelqu’un pour qui la vie a commencé et s’est terminée en assurant la plénitude de vie aux autres, les ramenant à l’essentiel de la vie par l’amour de Dieu, sans se soucier de ce qu’il en coûterait à lui-même.
Quelqu’un pour qui le service aux autres était au cœur de sa vie, exprimant le message de compassion et d’amour infini de Dieu, un message qu’il a invité ses disciples à partager avec tous.
Quelqu’un qui, tout en étant le fils de Dieu, a conquis sa couronne en marchant sur le chemin de la croix – un instrument de torture et de mort – et en mourant, donnant sa vie au service de l’humanité, de vous et de moi.
Au cours de son ministère en Galilée et à Jérusalem, Jésus a passé beaucoup de temps dans le temple, dans les synagogues, à adorer Dieu avec les autres et à débattre des anciennes écritures pour les faire revivre d’une manière nouvelle. Tout cela a nourri ses tâches principales : prêcher, guérir, pardonner, réconcilier, le tout au nom d’un Dieu qui nous aime infiniment.
Le récit du ministère de Jésus ne s’attarde pas trop sur les détails de la manière dont tout cela a été rendu possible – même si, de temps à autre, nous avons un aperçu de la manière dont il était accueilli dans les maisons des gens. Si Jésus a pu se concentrer sur ses tâches essentielles avec son petit groupe de disciples, c’est parce qu’il a reçu le soutien, l’hospitalité, la nourriture et le logement, les moyens de transport, d’un grand nombre de ceux qui ont été transformés par son enseignement, dont la compréhension de Dieu a changé, et qui ont cherché à en savoir plus et à faire en sorte que le message de Jésus soit entendu par beaucoup autour d’eux.
Il n’y aurait pas d’église aujourd’hui si Jésus n’avait pas été soutenu par de nombreuses personnes de cette manière, et si les chrétiens, au cours des nombreuses générations qui ont suivi, n’avaient pas été remplis du désir de continuer à communiquer cette histoire étonnante, de partager la bonne nouvelle avec les autres, souvent au prix d’un grand sacrifice pour eux-mêmes, parfois même de leur vie.
Ce faisant, le royaume de Dieu a gagné en visibilité grâce à la formation de tant de communautés chrétiennes dans le monde, y compris la nôtre ici à Montréal.
La cathédrale Christ Church cherche donc à poursuivre cette mission et, en tant que corps du Christ rassemblé au cœur de cette ville, nous comptons sur chaque membre de notre communauté pour nous aider dans cette tâche qui nous est confiée ici, maintenant, en ce lieu.
Parce que, bien sûr, nous voulons entretenir notre bâtiment et prendre soin de notre communauté, mais aussi parce que nous sommes appelés à aller au-delà de nous-mêmes et à contribuer à la mission permanente de Dieu, en ouvrant des conversations et en offrant l’hospitalité alors que nous ouvrons nos portes à tous presque tous les jours de l’année.
Nous sommes les intendants d’un bâtiment dont le but est de servir la communauté, un tremplin pour la proclamation de l’Évangile, cherchant comme Jésus à relier le sacré et le profane, la prière et la politique, la spiritualité et les besoins pratiques, l’humain et le divin. Et notre communauté de la cathédrale n’existe pas simplement pour le bien-être de ses membres actuels, mais pour que nous puissions en inviter d’autres à nous rejoindre sur un chemin commun avec Dieu.
Ces tâches sont partagées avec une équipe très compétente – administrateur, bedeaux et de nombreux bénévoles qui aident à maintenir et à embellir cet espace, afin qu’il puisse parler de Dieu à tous ceux qui le visitent, et à aider à maintenir nos liens communautaires.
Notre équipe de prêtres et de responsables laïcs, de musiciens et de chanteurs, ainsi que d’autres artistes, nous aident à élaborer des actes de culte et des programmes qui nous inspirent et continuent à nourrir notre foi et notre lien avec Dieu, dans les moments forts et les moments difficiles de nos vies.
Pour poursuivre cette mission, nous comptons sur votre aide et votre soutien.
Ces derniers jours, ceux d’entre vous qui figurent sur nos listes auront reçu la lettre annuelle de notre comité d’intendance vous demandant d’envisager dans la prière votre rôle dans ces tâches, tant en termes de contribution financière à la vie de cette communauté que de contribution en temps et en expertise.
Ce faisant, nous n’attendons de personne qu’il fasse l’impossible, mais nous vous demandons à tous de prier et de répondre au mouvement de l’Esprit Saint – en rendant grâce pour tout ce que vous recevez de Dieu à travers notre communauté et comment cela enrichit votre vie. Réfléchissez à la manière dont votre expérience de l’amour de Dieu pourrait transformer la vie d’autres personnes, et comment votre don de temps et d’argent peut contribuer à cette tâche perpétuelle.
Depuis longtemps, les chrétiens ont l’habitude de verser la dîme, c’est-à-dire de consacrer une partie de leur revenu disponible à cette tâche sacrée.
Plus récemment, et sachant que nous contribuons tous à d’autres œuvres caritatives, il nous est demandé d’envisager un don équivalent à 5 % de notre revenu disponible, en gardant à l’esprit, bien sûr, que nous avons tous des situations familiales différentes et que personne ne devrait s’endetter pour soutenir l’église. Vous pouvez également contribuer en vous portant volontaire et en nous aidant dans les nombreuses tâches qui contribuent à notre mission.
Je voudrais terminer par une histoire glanée auprès d’un autre prédicateur.
Deux chrétiens, un avocat et un homme d’affaires, avaient fait le tour du monde. Un jour, en Corée, ils virent un champ au bord de la route. Dans le champ, un garçon tirait une charrue rudimentaire, tandis qu’un vieil homme tenait les poignées de la charrue et la dirigeait à travers la rizière.
L’avocat, amusé, a pris une photo de la scène. “C’est un spectacle curieux”, dit-il au missionnaire, qui était l’interprète et le guide. “Oui, lui répond-il, c’est la famille de Chi Noui. Lorsque l’église a été construite, ils étaient impatients de donner quelque chose, mais ils n’avaient pas d’argent, alors ils ont vendu le seul bœuf qu’ils avaient et ont donné l’argent à l’église. Ce printemps, ils tirent la charrue eux-mêmes.”
L’avocat et l’homme d’affaires sont restés silencieux pendant quelques instants, puis l’homme d’affaires a dit : “Cela a dû être un vrai sacrifice.”
“Ils ne l’appelaient pas ainsi”, répondit le missionnaire. “Ils pensaient que c’était une chance qu’ils aient un bœuf à vendre”.
Aujourd’hui, alors que nous célébrons le Christ Roi, nous savons que faire partie du royaume de Dieu nous rend infiniment riches – pas toujours comme le monde le voit. Et nous rendons grâce pour les nombreuses bénédictions que nous avons reçues au fil du temps. Tout en remerciant Dieu pour la vie de notre communauté de la cathédrale, réfléchissons à notre contribution pour l’année à venir – don de notre vie, mais aussi dons qui apporteront la vie aux autres. Et alors que nous répondons dans la foi, engageons-nous à ne pas donner à Dieu des offrandes qui ne nous coûtent rien.
Amen