Service de la Fierté Montréal

‘Il n’importe donc plus que l’on soit juif ou non juif, esclave ou libre, homme ou femme; en effet, vous êtes tous un dans la communion avec Jésus-Christ.’

Il est facile de penser que, selon la tradition, la Fierté – Pride – n’est pas une vertue.  Pour ceux qui en connaissent la liste, la fierté fait partie des sept péchés capitaux.

Et certes, on peut comprendre que ceux qui se pensent mieux que les autres à cause des avantages qu’ils ont eus par leur naissance, par leur position sociale ou économique, leur éducation, et qui en sont fiers au point d’en diminuer les autres autour d’eux, ceux là paraissent effectivement s’aimer beaucoup, mais pas forcément aimer les autres.

Cette fierté mal placée, pleine de hubris, est symptomatique d’une imbalance complète entre l’ego et l’autre, et est l’antithèse de relations saines et positives.

Et dans un sens, fidèle aux mots de Jésus, il est juste que l’église ait voulu essayer de nous en prévenir.

Aujourd’hui, nous célébrons une autre fierté, une fierté complétement en accord avec les mot de Jésus quand il nous dit : tu aimeras ton prochain comme toi-même.

Comme toi-même.

La tradition religieuse au cours des siècles a été très bonne à oublier ces trois mots, mais ils sont pourtant cruciaux.  Parce que comment pourrions nous aimer les autres si nous ne nous connaissons pas nous même, et si nous n’arrivons pas à nous aimer.

Parce que malheureusement, s’aimer n’est évident pour personne, c’est un travail de tous les jours, sauf peut être pour les personnalités narcissistes.

En effet, alors que notre vie se déroule, nous nous rendons compte que peut être nous ne sommes pas aussi beau, grand, blond, charmant que nous le souhaiterions.

Peut être nos performances physiques et sportives ne sont pas aussi bonnes, nos facultés intellectuelles pas tout à fait à la hauteur que nous souhaiterions, notre famille pas aussi bien que nous l’aurions voulu.  Tant de facteurs qui nous travaillent l’esprit alors que nous nous développons, que nous grandissons, et que nous devenons qui nous sommes.

Et pour les adolescent LGBTQ, l’angoisse de se sentir en porte à faux par rapport à nos amis, pas intéressés par nos amis de l’autre sexe, mais par le nôtre.  Ou encore, le mal d’être quand nous sentons que quelque chose ne va vraiment pas et que nous sommes dans un corps du mauvais genre.  Ou que nous ne nous identifions ni à l’un, ni à l’autre.

Pleins d’opportunités de se sentir différent et de ne pas pouvoir s’aimer soi-même, et d’avoir peur que les autres ne nous aiment pas – surtout si nous nous sentons isolés et seuls dans un monde hostile, en particulier en dehors des grandes métropoles, sans modèle…

Dans ces conditions, nous ne sommes pas fiers, et au contraire nous avons peut être honte de ce que nous sommes, apeurés de la réaction des autres, et certainement marginalisé par le dieu auquel nous croyons peut être, mais duquel nous croyons ne pas être digne, et peut être même pas acceptable.

Certains ont tellement honte d’eux même que pour eux, le suicide devient un possibilité d’exutoire.

J’ai moi-même traversé toutes ces phases, élevé dans une ville de province du nord de la France, et éduqué dans un collège catholique.  A l’age de 12 ans, je me souviens penser très consciemment : si Dieu ne m’aime pas comme je suis, je n’ai pas besoin de Dieu.

Mais c’est Dieu qui a eu le dernier mot

J’ai eu la chance d’aller m’installer à Londres dans les années 80, à la grande époque de campagne pour la libération LGBT.  A l’époque, l’homosexualité était encore illégale pour les moins de 21 ans.  C’était une autre ère, un autre monde.

Bien que je n’étais pas religieux à l’époque, je me suis retrouvé impliqué dans l’église anglicane à cause de mon amour pour la musique, et l’orgue en particulier, et j’y ai rencontré une communauté en recherche, ou la question LGBTQ était discuté en public, parfois pour le meilleur et parfois pour le pire.  Et je me suis impliqué pour la cause LGBTQ en paroisse, et aussi dans les structures de l’église d’angleterre.

Et j’ai ainsi finalement pu découvrir un Dieu qui m’accepte et m’aime comme je suis, un Dieu qui a un sens de l’humour extrêmement poussé puisque me voici ici aujourd’hui, un Dieu qui, contrairement aux idées de certains, se réjouit que je puisse vivre ma vie pleinement.

De la même façon que Dieu a appelé Abraham, Moise, Samuel, et même Marie, des individus qui, avant leur appel seraient peut être restés insignifiants, mais dont le rôle dans l’histoire du peuple de Dieu a changé radicalement quand ils ont répondu – Je suis là – en réponse à leur appel, nous sommes invités aujourd’hui à faire de même.

Dieu nous appelle tous et toutes à être fier de qui nous sommes, ses enfants, et Dieu nous appelle tous et toutes à répondre à cet appel.  Un appel qui nous affirme et nous donne force, un appel qui demande que nous devenions à notre tour ceux qui aident les autres à découvrir que eux aussi peuvent être fiers de qui ils sont.

Et cette semaine de la fierté que nous célébrons à Montréal, comme elle est célébrée à travers le monde, est l’un des moment phares pendant lesquels – publiquement et avec beaucoup de couleurs – nous sommes visibles au monde dans notre grande diversité.

C’est un grand festival coloré qui donne espoir à tous ceux isolés qui sont encore enfermés dans la peur et dans le doute que Dieu les appelle aussi à vivre leur vie, leur vie dans toute sa plénitude.

Avec les libertés que nous avons acquis dans les pays de l’ouest, nous pourrions parfois nous sentir un peu las à l’idée de marcher encore.

Mais il y encore tant de pays ou célébrer la fierté est encore illégal, ou l’homosexalité est punissable de prison ou plus.  Et même chez nous, les libertés acquises sont à la merci de politiciens réactionnaires, et il y a encore tant de familles qui rejettent leurs enfants parce qu’ils sont diffèrents, à cause de leur orientation sexuelle, ou de leur exploration transgenre.  Il est encore essentiel que tous ensembles, avec tout le peuple de Dieu, nous nous fassions prophètes, que nous marchions et que nous proclamions que oui, nous sommes fier de la personne que nous sommes, une création parfaite et aimée de Dieu.

Bonne Fierté.

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