Le quatorzième dimanche après la Pentecôte
Jacques 1, 17-27
Pour les cinq prochaines semaines, les lectures de l’épître sont tirées du livre de Jacques. Aujourd’hui, j’aimerais vous présenter cette épître et vous encourager à lire le livre de Jacques. Je vais parler en particulier, comme Jacques ecrit, de mettre la parole de Dieu en practique.
Peut-être vous demandez-vous : « Qui a écrit cette lettre » ? Bien que les érudits ne soient pas tous d’accord, la position généralement acceptée est que c’est Jacques, le frère du Seigneur, qui l’a écrite. Jacques est devenu croyant lorsqu’il a vu le Seigneur ressuscité et il était l’un des dirigeants de l’église de Jérusalem avec Pierre et Jean. Jacques était à la tête du Conseil de Jérusalem et son vote a été décisif dans la question de la circoncision des Gentils.
Mais qui était Jacques ? Dans l’Histoire de l’Église d’Eusèbe, Jacques est présenté comme un modèle de droiture et de dévotion à Dieu. Il est mentionné que ses genoux étaient calleux à force de prier. Jacques était un chrétien juif fidèle qui respectait les lois juives et présentait une éthique vigoureuse à l’égard du travail. Richard Foster, dans son livre Streams of Living Water, dit que Jacques était un excellent exemple de la « tradition de la sainteté ». Car Jacques, dans tout ce qu’il accomplissait, s’efforçait de refléter la gloire de Dieu et de se conformer à la vie, à la foi, aux désirs et aux habitudes de Jésus. En bref, il voulait connaître, vivre et instaurer le Royaume de Dieu sur terre.
Sa lettre est adressée à une communauté juive chrétienne qui, en l’an 60 de notre ère, connaissait quelques problèmes. Jacques voulait remédier à un manque de solidarité communautaire, car il semblait y avoir des divisions entre les riches et les pauvres. Il est certain que le souci des pauvres était une question importante dans l’église de Jérusalem. Tout comme Jésus avait dit dans son sermon sur la montagne, « Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu », Jacques estimait que la pureté du cœur était la source de toute action.
Dans le cadre de cette préoccupation particulière, le livre de Jacques aborde plusieurs thèmes théologiques ; Dieu est révélé comme la source de tous les dons, y compris la justice et la sainteté. Il est également présenté comme immuable et fidèle aux promesses de salut et de miséricorde. La prière est un autre thème théologique mentionné comme étant important tant pour les individus que pour la communauté. Dans son dernier chapitre, Jacques donne des exemples concrets et des instructions concernant la prière dans la communauté. Beaucoup de ces idées ont été très utiles dans la vie de l’église. Enfin, le livre de Jacques met l’accent sur l’honneur, la justice et la charité. Mais nous y reviendrons plus tard.
Aujourd’hui, nous nous penchons plus particulièrement sur l’introduction de cette lettre, au chapitre 1. Dans les versets qui ont été lus aujourd’hui, Jacques souligne que « Tout don excellent et tout cadeau parfait descendent des cieux ; ils viennent de Dieu, le créateur des lumières célestes, qui ne connaît ni déclin ni éclipse. ». C’est le fondement sur lequel Jacques va s’appuyer, à savoir que la perfection vient de Dieu. Si nous devons avoir une quelconque sagesse, elle viendra de Dieu, le donneur de sagesse. En parlant de sagesse, Jacques demande à ses lecteurs de se concentrer sur la parole de Dieu, qui est une source de sagesse.
Aujourd’hui, j’aimerais me concentrer sur l’un des aspects sur lesquels Jacques met l’accent. Il dit clairement au verset 22 : mettez la parole de Dieu en pratique : ne vous contentez pas de l’écouter… Quelle est la différence entre ceux qui écoutent simplement la parole et ceux qui « agissent » ? Peut-être que dans le monde d’aujourd’hui, la meilleure façon de décrire cela est d’établir clairement la différence entre « l’ecclésiacité » et le « christianisme ». La meilleure description de « ecclésiacité » est une personne qui n’est chrétienne qu’une heure par semaine. Dans un cas extrême, une telle personne ne vient à l’église que pour être vue et non pour chercher Jésus. Elle écoute la Bible, mais n’est pas motivée par celle-ci. Elle « agit » pieusement, mais seulement une heure par semaine. Elle se soucie davantage du bâtiment de l’église que du véritable « corps du Christ ». Jacques décrit cette personne comme celle qui entend la parole, mais ne l’accomplit pas.
Le christianisme est très différent. Le christianisme est pour les personnes qui abandonnent leur vie au Christ et décident de le suivre, en parole et en exemple. Pour le vrai chrétien, l’heure du dimanche est une occasion joyeuse où tout le corps du Christ se réunit pour adorer et louer un Dieu d’amour, c’est le temps « collectif ». Cependant, pendant le reste de la semaine, le culte ne s’arrête pas, mais s’intensifie. Car le vrai chrétien est toujours en prière et en train de lire la Parole. Il cherche le Christ dans toute personne et dans toute situation. La parole du Seigneur n’est pas unique au dimanche, mais une parole vivante, un guide pour toute situation et toute relation. C’est l’Esprit Saint qui prend la parole et nous permet de connaître la volonté de Dieu dans nos vies. C’est ce que Jacques exhorte son auditoire à réaliser, permettre à Dieu d’influencer chaque partie de leur vie, chaque moment de chaque jour. Ainsi, tous peuvent partager la Bonne Nouvelle. Soyez des pratiquants de la parole. Des exécutants.
En disant cela. Jacques parvient à faire référence à chaque partie de notre corps. Il veut s’assurer que nous savons que c’est pour chaque partie de nous. Au verset 19, nous lisons qu’il faut être lent à parler. Jacques fait référence à notre langue ; nous devons la retenir plutôt que de dire quoi que ce soit sous le coup de la colère, car « une personne en colère ne fait pas ce qui est juste aux yeux de Dieu ».
Jacques ensuite parle des oreilles. Il dit « soyez prompts à écouter ». Écouter quoi ? La parole du Seigneur. Soyez prompts à écouter. Je crois que c’est très important. N’est-il pas vrai que lorsque vous êtes pleinement écouté, vous vous sentez apprécié et digne ? Pas de bavardage dans un 5 à 7 ou de commérage ici, mais plutôt une écoute honnête et véritable. Je suis un directeur spirituel qualifié. Je dis aux gens que le Saint-Esprit est bien sûr le véritable directeur spirituel et que mon travail consiste à écouter très attentivement à la fois la personne dirigée et le Saint-Esprit. Lorsque j’écoute attentivement, je peux poser des questions et faire des commentaires qui, je prie, aident les gens dans leur cheminement chrétien. L’écoute est au cœur de tout cela.
Enfin, Jacques fait référence au cœur. Jacques dit « accueillez avec humilité la parole que Dieu plante dans vos coeurs qui a le pouvoir de vous sauver. ». Lorsqu’il parle de la fausse religion, il parle de tromper le cœur. La vraie religion engage le cœur et conduit les gens à s’occuper des pauvres et, selon Jacques, à ne pas être souillés par le monde.
Il est étonnant de constater que dans ce court passage, Jacques intègre la langue, les oreilles, les yeux, les mains et le cœur. Cela nous rappelle ce que Paul a écrit dans le livre des Corinthiens : « le corps n’est pas constitué d’un seul membre, mais de plusieurs ». Plusieurs qui travaillent ensemble, plusieurs qui font l’œuvre de Dieu, soit des pratiquants de la parole.
Jacques était en effet un faiseur. Il est devenu évêque de Jérusalem. L’apôtre Paul était un homme d’action. Il est passé du statut d’auditeur de « la loi » à celui de pratiquant de la parole. Marie et Marthe étaient des pratiquantes de la parole. La femme au puits est devenue une pratiquante de la parole. Zachée est devenu un pratiquant de la parole. Lui aussi s’était un jour élevé. Avant, il citait la loi et extorquait des taxes aux gens, mais tout a changé lorsqu’il a rencontré Jésus. Il est devenu un pratiquant de la vraie parole.
Lorsque j’étais un jeune chrétien à l’église Saint-Pierre de Ville Mont-Royal, je connaissais une dame âgée, une bibliothécaire à la retraite. C’était tout un personnage. De l’extérieur, elle semblait désorganisée et distraite. Quand elle parlait, on se demandait souvent si elle avait porté attention à la conversation et semblait un peu perdue. Un mercredi soir, lors d’une étude biblique, elle nous a raconté comment la parole de Dieu l’avait influencée. Elle nous a parlé de son fils qui avait été arrêté en Caroline du Sud pour possession de drogues et était en prison. Elle est allée lui rendre visite, mais les visites étaient très limitées. Cela la frustrait. Elle a demandé à son fils s’il avait des choses à lire. « Non », dit-il, « il n’y a pas de bibliothèque ici ». Presto ! Elle savait ce qu’était sa mission. Pour faire court, elle a créé une bibliothèque dans cette prison. Une bibliothèque pour tous les détenus. Pour qu’ils puissent lire. Pour qu’ils puissent aussi lire la parole de Dieu. Les prisonniers avaient un accès assez libre à la bibliothèque et elle a pu voir son fils beaucoup plus souvent. Que Dieu la bénisse. Une vraie pratiquante de la parole.
Permettez-moi de terminer en citant la livre des Colossiens:
« Que la parole du Christ habite richement en vous… et quoi que vous fassiez, en paroles ou en actes, faites tout au nom du Seigneur Jésus-Christ, en rendant par Lui des actions de grâces à Dieu le Père ».
Ainsi, comme Jacques nous l’écrit aujourd’hui, « puissiez-vous être bénis dans votre pratique ».
Merci à Dieu. Amen.