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St Columba et Iona

Dans une semaine, un groupe de pèlerins de la cathédrale aurait été en route pour un pèlerinage à Iona, une petite île des Hébrides intérieures, au large de la côte de Mull, à l’ouest de l’Écosse.  Vue d’ici à Montréal, ou même de Londres en Angleterre, Iona parait être au bout du monde.  Même depuis Londres, il s’agit d’un voyage de 13 heures, qui implique au moins deux voyages en train, un ferry pour traverser le continent écossais jusqu’à Mull, un voyage en autocar pour traverser l’île de Mull, puis un autre court trajet en ferry jusqu’à la jetée d’Iona. Le voyage font partie des pèlerinages autant que leur destination.

L’île, qui est célèbre pour son influence sur le développement du christianisme en Écosse et dans le nord de l’Angleterre, compte environ 100 habitants, auxquels s’ajoutent les pèlerins qui séjournent avec la communauté d’Iona, dans l’abbaye d’Iona.

Aujourd’hui, l’église commémore St Columba, un moine et missionnaire irlandais qui a fait d’Iona son quartier général après avoir quitté l’Irlande pour ses voyages missionnaires.  Pour lui, Iona n’était pas la fin d’un long voyage au bout du monde.  Au contraire, au VIe siècle, à une époque où les routes étaient peu nombreuses et dangereuses, Iona était une plaque tournante très pratique d’où l’on pouvait faire le tour de l’Écosse en bateau et en coracles, facilitant ainsi la diffusion de l’Évangile d’une manière très celtique – dans un paysage rude où la vie était dure et où les gens étaient à la merci des éléments.

L’île – sur laquelle les rois écossais ont été enterrés – a continué à être un centre important de la spiritualité chrétienne pendant des siècles et l’abbaye médiévale d’Iona – construite en 1200 après J.-C. sur le site du monastère de Columba – se dresse toujours, point de mire de tant de pèlerins.

Le projet de reconstruction de l’abbaye – qui avait été à moitié abandonnée – a été mené par George McLeod, un ministre presbytérien écossais, dont la paroisse se trouvait dans une zone de construction navale pauvre sur la rive de la Clyde à Glasgow.  À une époque où le chômage était élevé, McLeod a constaté que l’église avait du mal à se rapprocher de la population.  Il ne semblait pas y avoir de langage commun entre les pasteurs et ceux dont ils avaient la charge, même s’ils étaient bien intentionnés.  Il y avait peu de confiance entre eux, et peu de compréhension de la vie et du travail de chacun.

McLeod décida donc de réunir un certain nombre de jeunes pasteurs tout juste sortis de leurs séminaires et un certain nombre de constructeurs et d’artisans, afin de reconstruire les parties communes de l’abbaye d’Iona, l’endroit où vivait une communauté bénédictine aujourd’hui disparue.  Le projet s’est déroulé pendant de nombreux étés jusqu’à ce que la reconstruction soit terminée.

Il y avait un désir pour ceux qui avaient pris part au projet de continuer à se rencontrer, et la Communauté d’Iona est devenue réalité, une communauté œcuménique engagée à travailler pour changer le cœur de tous.  Les membres, dont je fais partie, ne vivent pas à Iona mais sont dispersés en Écosse, au Royaume-Uni et maintenant dans le monde entier, et continuent à vivre selon une règle de vie qui comprend un engagement à prier et à lire la bible, un engagement à rendre compte de notre utilisation de l’argent et de notre temps, et un engagement à travailler pour la justice et la paix et pour l’intégrité de la création.

La communauté d’Iona est un groupe de chrétiens profondément engagés et priants, dont la plupart sont également des militants ayant un large intérêt pour les questions de justice et de paix.  Assister à nos réunions peut être épuisant en raison de l’étendue de nos intérêts et des nombreuses façons dont ceux-ci sont exprimés en actions.

L’une des premières choses que j’ai apprises au sein de la Communauté est que – même avec les meilleures intentions du monde – il m’était impossible de m’impliquer dans toutes les questions de justice et de paix.  Mais même lorsque je pensais avoir échoué quelque part, je savais que certains de mes collègues seraient profondément impliqués et actifs, et qu’ensemble, nous pourrions donc faire la différence dans de nombreux domaines différents dans le monde, et ainsi mieux contribuer à la construction du Royaume de Dieu dans toute sa plénitude.

En ce moment, beaucoup d’entre nous restent isolés chez eux, attendant avec impatience le jour où nous pourrons être libérés dans le monde et reprendre la vie d’une manière qui ressemblera un peu plus à ce qu’elle était. Pendant ce temps, le monde continue de se montrer à nous dans toute sa brisure.  Comme les pèlerins d’Iona, et tous ceux qui, comme Columba avant eux, ont eu besoin d’un lieu où se ressourcer pour tracer la carte de notre vocation chrétienne personnelle, utilisons ce temps et ce lieu pour discerner nos dons, nos talents et nos énergies, afin d’être prêts et de savoir comment les offrir à Dieu au temps opportun.

Ô Dieu, qui as donné à ton serviteur Columba les dons du courage, de la foi et de la gaieté, et qui as envoyé des gens d’Iona pour porter la parole de ton évangile à toute créature, accorde, nous te prions, un esprit semblable à ton église, même en ce moment. Fais avancer en toutes choses le but de notre Communauté, afin que des choses cachées nous soient révélées, et que de nouveaux moyens soient trouvés pour toucher la vie de tous. Puissions-nous préserver entre nous la charité et la paix sincères, et si telle est ta sainte volonté, accorde qu’un lieu de ta présence continue à être pour nous un sanctuaire et une lumière. Par Jésus-Christ, Amen

Prière pour la communauté d’Iona

 

–Bertrand Olivier

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