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Voici le chemin, marchez-y

“En vérité, peuple de Sion, habitants de Jérusalem, vous ne pleurerez plus. Il vous fera grâce au son de votre cri ; quand il l’entendra, il vous répondra. Si le Seigneur vous donne le pain de l’adversité et l’eau de la détresse, votre Maître ne se cachera plus, mais vos yeux verront votre Maître. Et quand tu te tourneras à droite ou à gauche, tes oreilles entendront derrière toi une parole qui dira : “Voici le chemin, marchez-y”.                         Esaïe 30:19-21

En tant que chrétiens, nous devons nous asseoir avec malaise. Nous proclamons le Christ vivant, mais nous sommes confrontés chaque jour à un monde plein de péchés. Une partie de notre appel baptismal est la croix personnelle que nous portons pour combattre ce péché et essayer de rendre le monde meilleur. Nous sommes confrontés à la contradiction de vivre dans un monde plein d’amour, mais profondément malade. Mais en ce moment, tout cela semble insupportable.

En écrivant ces lignes, je ne peux m’empêcher de penser à la crise actuelle des CHSLD au Québec, qui sont actuellement au point zéro pour COVID-19. Plus de 1 000 des 1 340 Québécois décédés à la suite de COVID-19 sont des aînés pris en charge. Un CHSLD de Laval vient de rapporter un taux d’infection de 100 % de ses 172 résidents. Les récits des travailleurs de première ligne décrivent comment les infections se propagent comme un feu de forêt en raison du manque d’équipement de protection, d’une formation inadéquate et du manque de personnel. Un médecin de l’Hôpital général juif a décrit comment les patients des CHSLD n’étaient pas admis à cause des symptômes de la COVID-19, mais à cause de la déshydratation et de la malnutrition dues au manque de soins. Mais ces problèmes ne sont pas nouveaux.

Les problèmes des CHSLD sont connus depuis des années. Un article de la Gazette de 2018 a décrit le nombre de résidents des CHSLD qui ne reçoivent qu’un bain par semaine, certains étant obligés de rester dans leur lit jusqu’à 36 heures. Je me souviens d’avoir entendu des histoires de mes collègues qui faisaient leur stage de travail social dans les CHSLD, décrivant des charges de travail impossibles et le manque de temps pour s’occuper des problèmes auxquels les résidents étaient confrontés. Je me souviens d’avoir appris que les personnes âgées sont un groupe à haut risque de suicide, souvent en raison de l’isolement et de la perte d’autonomie qui sont exacerbés par ces environnements.

Comment ces problèmes sont-ils apparus ? Des coupes budgétaires provinciales plus importantes combinées à des salaires abyssaux, à la précarisation du travail et à un nombre de dossiers impossible à gérer ont créé une tempête parfaite. Mais cela n’est pas unique aux CHSLD. La façon dont notre société a privilégié la réduction des coûts et les profits au détriment de la collectivité et de la prise en charge des plus vulnérables a touché tout le monde. Comme l’Israël dont parle Isaïe dans ce passage, qui s’est détourné de Dieu pour adorer d’autres choses, ainsi nous nous sommes détournés.

Je ne crois pas que Dieu ait envoyé COVID-19 (ou toute autre crise/désastre/etc.) pour nous donner une leçon. Mais je crois que les failles massives de notre système de santé et de notre système économique que cette crise met en évidence nous ont présenté une image horrible de notre monde que l’on ne peut pas ignorer.

J’aime la façon dont Dieu est décrit dans le livre d’Esaïe. C’est le Dieu qui nivelle les montagnes, qui coupe le fer et le bronze, qui apporte la lumière dans des ténèbres inimaginables. C’est le Dieu qui a créé les étoiles, qui a une compréhension inconnaissable, qui a un amour éternel. En même temps que nous sommes confrontés à un monde de systèmes brisés, nous proclamons notre foi en un Dieu qui est bien plus grand. C’est le genre de foi qui me semble être une nécessité en ce moment. J’ai besoin de croire que Dieu est plus grand que cette pandémie, qu’ensemble nous pouvons travailler collectivement pour guérir notre monde. J’ai besoin de croire que Dieu est avec nous dans nos larmes, nos souffrances, notre isolement. J’ai besoin de croire.

Et je pense que c’est pourquoi ce passage du lectionnaire a tellement résonné en moi aujourd’hui. Ces paroles du prophète, s’adressant à des personnes terrifiées, leur assurant que Dieu serait avec elles et leur montrerait comment aller de l’avant, me donnent l’espoir que nous pouvons guérir. Car bien que nous soyons confrontés à un monde dans le péché, chacun de nous est appelé à rendre ce monde meilleur. Seuls, nous ne pouvons pas tout faire, mais ensemble, dans le Corps du Christ, Dieu peut agir à travers nous dans l’amour.

Je ne peux pas changer les CHSLD, ni réparer notre système de santé, ni mettre fin au capitalisme. Mais je peux prier, je peux avoir confiance que Dieu me montrera comment me montrer aujourd’hui. Et quand je ne suis pas sûre, je me souviens de ces mots plus tard dans Esaïe :

Ce n’est pas le jeûne que j’ai choisi :
pour rompre les liens de l’injustice,
pour défaire les lanières du joug,
pour laisser les opprimés partir en liberté,
et de briser tous les jougs ?

-Noah Hermes

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