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Hors de ce monde ? Pas vraiment

Nous croyons que par la mort, Jésus, qui a partagé la même chair et le même sang que nous, a pu “détruire celui qui a le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable, et libérer ceux qui, toute leur vie, ont été tenus en esclavage par la peur de la mort. Parce qu’il a lui-même été mis à l’épreuve par ce qu’il a subi, il est capable d’aider ceux qui sont mis à l’épreuve”. (Hébreux 2 : 14-15, 18)

Ces lignes des Hébreux sont désignées pour être lues à la prière du matin aujourd’hui, en la fête de l’Ascension.

Pourtant, l’écriture qui me vient à l’esprit ce matin est différente : ce sont les paroles de l’Évangile de Jean (3:13-15) adressées par Jésus à Nicodème :

Nul n’est monté au ciel que celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme. Et de même que Moïse a élevé le serpent dans le désert, de même le Fils de l’homme doit être élevé, afin que quiconque croit en lui ait la vie éternelle.

L’histoire des Israélites dans le désert, après la libération de l’Exode et avant de mettre le pied sur la terre promise, arrive à un moment où ils ont le mal du pays pour la nourriture et la sécurité dont ils jouissaient en captivité. Ils sont fatigués du voyage et en ont assez des dirigeants. Ils sont mordus par des serpents et meurent du poison. Il serait facile de les comparer aux manifestants mécontents des contraintes mises en place pendant cette pandémie.

Cette caractéristique “déjà et pas encore” de notre vie en Christ est paradoxale et parfois frustrante. Je me demande comment les apôtres se sont sentis lorsque leur professeur et ami, qui était miraculeusement venu les accompagner après sa mort, a été emporté ?

Les deux écritures indiquent la mort de Jésus, tandis que l’Ascension emporte Jésus ressuscité dans les cieux sous les yeux des apôtres. L’endroit qu’il a touché pour la dernière fois sur terre et qui aurait laissé son empreinte dans la poussière est aujourd’hui vénéré par les pèlerins chrétiens et musulmans.

Mais l’Ascension est bien plus qu’une sorte de tremplin céleste. C’est un moment décisif où la nature du Dieu auquel nous croyons s’est manifestée à ces premiers disciples. Comme la distance entre la terre et le ciel est surmontée par Jésus, ainsi nous qui sommes en Christ sommes aussi rapprochés de manière efficace.

Dans le contexte de la prière du matin d’aujourd’hui, l’Ascension renouvelle notre confiance dans le fait que nos prières sont entendues. Elizabeth Shama, qui envoie par e-mail la feuille d’intercession hebdomadaire du bureau de la cathédrale à l’équipe de prière et au clergé, a récemment envoyé cette citation de William Templeton en même temps que celle-ci : “Quand je prie, les coïncidences se produisent. Quand je ne le fais pas, elles ne le font pas”. C’est pourquoi nous prions ce matin les uns pour les autres et pour tout ce qui nous tient à cœur. Pour ceux qui souffrent du coronavirus, et pour ceux qui les aiment. Pour ceux qui se trouvent au milieu ou au lendemain du cyclone Amphan. Pour les refugiés du Rohinga à Cox’s Bazaar qui sont confrontés à la double force de ces deux dévastations. Pour toute la vie connectée de notre planète et pour ceux qui cherchent à remédier à notre mauvais usage de celle-ci. Pour la sagesse de nos dirigeants et pour la fraternité et l’esprit de suite dans les nations et dans nos communautés de foi.

La libération n’est pas instantanée. Nous sommes un peuple de Pâques, et nous nous dirigeons aussi vers la liberté promise. Une pratique de prise de conscience – qui consiste notamment à regarder calmement et sans relâche ce qui nous “mord” – n’est pas seulement un moyen d’améliorer notre santé et notre intégrité en tant qu’individus. Elle nous donne les moyens de maintenir la vie du Christ en nous sur le long terme, pour un service mutuel et pour notre mission dans le monde.

Vivian Lewin

Illustration de l’Ascension tirée du Psautier d’Elinore d’Aquitaine (domaine public) ; Chapelle de l’Ascension (photo de TripAdvisor) ; Le hibou visite la cathédrale (photo de Jeffrey Mackie).

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