
Il en est de même pour la résurrection des morts. Ce qui est semé est périssable, ce qui est ressuscité est impérissable. Il est semé dans le déshonneur, il est ressuscité dans la gloire. Il est semé dans la faiblesse, il est ressuscité dans la puissance. Il est semé dans un corps physique, il est ressuscité dans un corps spirituel. …. Mais ce n’est pas le spirituel qui est le premier, mais le physique, et ensuite le spirituel. Le premier homme est venu de la terre, un homme de poussière ; le second est venu du ciel… De même que nous avons porté l’image de l’homme de poussière, nous porterons aussi l’image de l’homme du ciel. (I Cor 15 : 42-44, 46-49)
Une période de pandémie semble être un bon moment pour penser à la mort et à ce qui pourrait venir après elle; donc Dante a été très présent dans mon esprit ces dernières semaines. Il y a un beau passage dans lequel Dante vient sur la rive du fleuve qui sépare les vivants des morts ; Dante écrit,
Comme, à l’automne, les feuilles se détachent, d’abord l’une puis l’autre, jusqu’à ce que la branche voie tous ses vêtements tombés au sol, de même, la mauvaise semence d’Adam est descendue du rivage une à une, au signal, comme un faucon – appelé – viendra….Je n’aurais jamais cru que la mort aurait pu en défaire autant”. (Inferno, III.112-117, 55-56)
Pour moi, il y a peu d’images plus belles et plus déchirantes de la réalité de la mort. Je ne crois pas que la semence d’Adam soit “mauvaise” (même si Dante écrivait spécifiquement sur les âmes qui vont en enfer), mais la vérité qu’il énonce est plus proche de nous que d’habitude : la dominion de la mort est universelle. Lorsque le divin Fauconnier appellera notre nom, nous retournerons a lui.
Et pourtant.
Aujourd’hui, Paul nous donne le grand et pourtant de Dieu. Ces rameaux vides, ces “chœurs en ruine”, ne sont que le prélude à une beauté qui dépasse notre imagination. Ce qui est faible en nous, ce qui est déshonorant, ce qui a été fait pour périr, s’effondrera – mais nous ne nous effondrerons pas. Non, par la grâce de Dieu, nous nous élèverons. Pas comme nous sommes, ni même comme nous l’espérons, maintenant, avec nos imaginations liées au monde que nous avois appris à aimer, toute sa beauté transcendante traversée par la douleur. Au contraire, nous nous élèverons plus entiers que nous ne pouvons l’imaginer, plus beaux même que le visage d’un nouveau-né ou d’un conjoint aimé depuis de nombreuses années. Nous qui avons porté l’image de l’homme de poussière, façonné dans l’argile, nous porterons l’image de l’homme du ciel. Non pas parce qu’elle nous est étrangère, mais parce qu’elle était en nous depuis toujours, et lorsque ce qui n’est pas essentiel à notre personne disparaîtra, la beauté qui a toujours été là sera révélée.
Il y a un endroit en dessous, la limite de cette grotte… un endroit que l’on ne peut pas voir : on le découvre à l’oreille – il y a un ruisseau de sondage qui coule au creux d’un rocher érodé par des eaux sinueuses, et la pente est facile. Mon guide et moi sommes venus sur cette route cachée pour retrouver notre chemin dans le monde lumineux… jusqu’à ce que je voie, à travers une ouverture ronde, certaines de ces choses de beauté que le ciel porte. C’est de là que nous sommes sortis pour voir – une fois de plus – les étoiles. (Inferno XXXIV.127-132, 136-139)
–Deborah Meister