
Ton amour inébranlable, ô Seigneur, s’étend jusqu’aux cieux,
votre fidélité aux nuages.
Ta justice est comme les montagnes puissantes,
vos jugements sont comme le grand fond ;
tu sauves les hommes et les animaux, ô Seigneur.
Que ton amour inébranlable est précieux, ô Dieu !
Tous les hommes peuvent se réfugier à l’ombre de tes ailes.
Ils se régalent de l’abondance de ta maison,
et vous leur donnez à boire à la rivière de vos délices.
Car avec vous est la fontaine de vie ;
dans ta lumière nous voyons la lumière.
Continue à aimer ceux qui te connaissent,
et votre salut à la droiture du cœur !
Ne laissez pas le pied de l’arrogant me marcher dessus,
ou la main des méchants me chassent.
Ce psaume semble respirer l’espoir et la grâce, l’amour et la bienveillance. Toutes qualités dont j’ai l’impression de manquer, en ces jours d’enfermement. Elles contrastent avec ce que je sens que je peux produire par moi-même, de ma propre volonté et de mon énergie.
Ici, dans cette imagerie de la nature, j’aperçois le monde extérieur auquel je n’ai pas accès pour l’instant, mais dont je garde de forts souvenirs et que je peux aller voir en photo si je le souhaite. Je peux m’identifier à la vue de montagnes qui s’étendent aussi haut dans le ciel que je peux voir, et d’arbres qui semblent ne pas avoir de sommet.
Peut-être que ces images sont plus significatives que jamais, à une époque où nous ne pouvons pas les considérer comme acquises mais où nous pouvons apprécier leur présence. L’idée d’être sous l’ombre des ailes de Dieu est tellement, tellement belle pour moi. Elle me rappelle une berceuse que j’ai chantée dès l’enfance et que je chante maintenant à mon propre enfant : “Ô que ta main paternelle / Me bénisse à mon coucher / Et que ce soit sous ton aile / Que je dorme, Ô mon berger. Cela me rappelle aussi Matthieu 23:37, où Jésus se lamente sur Jérusalem : “Combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants, comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et tu n’as pas voulu”.
Ce n’est peut-être pas central, mais récemment, en chantant cette chanson et en parlant de cette idée d’une poule rassemblant des poussins sous son aile, avec mon enfant, je traite les aspects de Dieu vus ici, qui ont été traditionnellement identifiés au maternage, aux gestes maternels. L’idée que Dieu aspire à rassembler les enfants comme une poule rassemble les poussins a été considérée comme plus féminine que masculine, si l’on considère les rôles traditionnels, aussi limitatifs soient-ils. Cela a un sens pour moi en tant que mère et parent, mais c’est aussi une image qui a été si profonde pour moi toute ma vie – cette image de dormir ou de se reposer sous les ailes de Dieu. Dieu, qui, dans mon éducation, est plein de jugement, de colère et d’amour à la fois, mais dont je craignais plus le jugement que l’amour dans lequel je me sentais en sécurité, la plupart du temps.
Ce que j’essaie de dire, c’est qu’ayant été élevé avec l’idée de Dieu comme Père, comme homme et comme homme, et que cette image soit dominante – il est significatif que cette image maternelle ou nourricière se soit démarquée et ait apporté un réel réconfort au fil des ans. C’est une chose à laquelle le plus petit enfant peut s’identifier, se blottissant contre ses parents, se blottissant aussi près qu’il est humainement possible de le faire, pour se réchauffer, pour se rassurer. N’est-ce pas ainsi que nous, les enfants, devrions voir notre Dieu ? Et pourtant, il semble toujours scandaleux de pouvoir le faire, et peut-être sacrilège, et je me demande si je me suis trompé d’une manière ou d’une autre.
Les termes sont tellement beaux. “Le fleuve de tes délices” – “Ta bonté” – “le grand abîme” (dans la version que je suis en train de lire). Je peux toujours compter sur les Psaumes pour exprimer des choses que je n’arrive pas à dire ou pour m’inspirer à approfondir ce qui est dit, à ma façon. Lorsque je ne parviens pas à prier, les Psaumes sont là pour me permettre de respirer la prière du mieux que je peux.
Si nous pensons à 2 Corinthiens 1:1-7, un autre des passages d’aujourd’hui, qui met l’accent sur le fait que Dieu comprend TOUTES nos souffrances et est le Dieu de TOUT réconfort pour que nous puissions ensuite réconforter les autres, ce passage semble si bien aller de pair avec lui, parlant des qualités plus larges et générales de Dieu, mais aussi de la proximité de Dieu. L’idée de trouver un refuge sous les ailes de Dieu est une si grande image du Dieu de TOUT confort qui est incroyablement proche de nous, et je ne peux pas penser à un meilleur moment pour ce rappel – les jours précédant les ténèbres du Vendredi Saint avant que nous n’osions espérer en l’incroyable Résurrection, et dans notre réalité actuelle où nous cherchons du confort, de l’espoir et un sens à nos circonstances ou peut-être en dépit de celles-ci. Tout comme nous espérons que notre situation s’améliore et que la vie revienne à ce que nous connaissions, nous aspirons à l’espoir et à la présence que le Christ ressuscité nous offre et que nous pourrons célébrer dans quelques jours. Si jamais il y a un moment pour se réjouir d’une telle célébration, je pense que c’est une année comme celle-ci, et je me réjouis de me réjouir avec vous tous qui vous réjouirez aussi à ce moment-là. Séparément mais en partageant notre joie !
— Sarah Kuhn