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Un Seul Corps

“Car de même que le corps est un et a plusieurs membres, et que tous les membres du corps, bien que nombreux, ne forment qu’un seul corps, ainsi en est-il avec le Christ. Car c’est dans un seul Esprit que nous avons tous été baptisés dans un seul corps – Juifs ou Grecs, esclaves ou libres – et que nous avons tous été abreuvés d’un seul Esprit… En effet, il y a plusieurs membres, mais un seul corps… Si un membre souffre, tous souffrent avec lui ; si un membre est honoré, tous se réjouissent avec lui”. 1 Corinthiens 12:12-13, 20, 26.

Je suis alimenté par mes relations et mes interactions avec les autres. C’est ce qui m’a amené à devenir animateur de jeunesse, où je passe toute ma journée à aider les autres. C’est la raison pour laquelle je passe la plupart de mon temps en dehors du travail à m’occuper de l’église, de mes amis ou d’autres activités communautaires. Et c’est l’un des principaux moyens par lesquels je suis attirée par la présence de Dieu, en pratiquant ensemble le culte à l’église et l’eucharistie. Cependant, au cours des dernières semaines, alors que l’intensité de COVID-19 augmentait et que les recommandations du gouvernement passaient de “éviter les grands rassemblements” à “s’isoler et ne quitter sa maison que pour l’essentiel”, cette façon de vivre à laquelle je m’étais habituée a dû changer massivement. Je travaille maintenant et je passe 99 % de mes journées seule dans mon appartement d’une chambre, dont je disais auparavant à la blague qu’il était simplement un endroit où je pouvais loger mon chat et dormir.

Ma première réaction face à ces changements a été la terreur. La transition vers l’isolement social a été extrêmement soudaine et douloureuse, comme si quelqu’un avait placé ma poitrine dans un étau qui se resserrait chaque fois que je rafraîchissais mon flux Twitter pour révéler les nouvelles horreurs de l’actualité. Comment trouver la connexion dont j’avais besoin pour m’épanouir ?

Tout en trébuchant sur les ajustements à ce nouvel horaire, je me suis tourné vers la prière. J’ai commencé à prier le Daily Office par le biais du livestream partagé sur la page Facebook de Montreal Dio, et j’ai été surpris par le sentiment de paix et de connexion que j’ai ressenti. J’ai commencé à faire de longues courses l’après-midi, propulsée dans l’air frais, en voyant les gens du monde entier soulever mon cœur alors qu’il pompait le sang dans mon corps. J’ai senti que je commençais à m’adapter à ce nouveau rythme, à ressentir ces moments de silence ou de prière avec Dieu comme des moments de liberté.

En lisant ce passage du lectionnaire d’aujourd’hui, je me souviens de ces moments de connexion, et de la raison pour laquelle ils ont eu un tel impact sur moi. Ce passage, et ce moment d’isolement social, me rappelle cette connexion essentielle et incontournable de l’amour de Dieu que je partage avec chaque personne. Que de la même façon que je ne peux pas échapper à ces parties de moi-même, mes membres, mes organes, mes os, je ne peux pas non plus échapper à la connexion qui nous lie ensemble en Dieu.

La vie dans l’isolement social m’a obligé à redéfinir et à réapprécier le lien. J’ai tellement de gratitude pour les moments que j’ai pu vivre. Le sentiment de joie que je ressens en voyant les visages de mes amis dans une réunion de Zoom. L’honneur de pouvoir tenir les mains d’utilisateurs de services aux sans-abri pendant que j’administre du désinfectant pour les mains dans le cadre d’un service bénévole dans un refuge. La paix d’une véritable étreinte humaine de la part de quelqu’un qui m’est proche. Je tenais tout cela pour acquis.

En même temps que nous sommes unis dans l’amour de Dieu, comme décrit dans ce passage, nous souffrons et pleurons ensemble. Nous désirons ardemment la stabilité, la sécurité, nos proches, nos familles, notre vie. Nous pleurons pour ceux qui ne peuvent pas s’isoler, pour ceux qui sont morts ou qui vont mourir. Nous pouvons faire de la place pour nos souffrances, tout en faisant de la place pour notre foi.

La foi qu’en prenant nos distances, nous protégeons les plus vulnérables, nous aplatissons la courbe, qu’en faisant ce sacrifice personnel, nous aiderons à nous sauver les uns les autres. La foi que, quelles que soient les barrières et la distance qui nous séparent, nous ne pourrons jamais échapper à l’amour de Dieu qui nous lie les uns aux autres. La foi que l’église est plus grande que les murs, plus grande que la distance. La foi que c’est temporaire, que tout comme Jésus est descendu aux morts et est ressuscité, nous aussi nous ressusciterons et ramasserons les morceaux ensemble.

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